Tournée japonaise sur l’île de Kyushu (Partie 1)

Tournée japonaise sur l’île de Kyushu (Partie 1)

7 décembre 2023 0 Par Gilles Fontaine

Quelques mots avant de partir

Notre premier voyage au Japon remonte déjà au printemps 2017. La floraison des cerisiers nous avait alors subjugués. Nous avions suivi un itinéraire classique pour une première visite avec Hiroshima, Himeji, Kyoto et Tokyo. De plus, nos vacances étaient assez courtes, nous séjournâmes seulement onze jours sur place. Nous sommes repartis avec la seule déception de ne pas être restés plus longtemps.

En 2020, rendez-vous est pris, au programme : l’île de Kyushu. Malheureusement, la pandémie de covid-19 allait conduire à la fermeture des frontières pendant quasiment 2 ans. Ensuite, le temps d’organiser le voyage a encore pris une année supplémentaire.

Après toutes ces années, les espérances et les images se bousculent. Le voyage sera-t-il à la hauteur ? Nous avons peur d’être déçus. Est-ce que le souvenir de notre première visite a été corrompu par notre mémoire qui sélectionne, trie et, parfois, trompe nos sens ? Dans cette salle d’embarquement, tout doucement, le doute s’efface, il fait place à de l’impatience. Nous avons hâte de partir, encore une petite journée d’attente avant de fouler la terre du Soleil levant. Ces quinze heures de vol qu’il faudra passer entre livres, films, sommeil et trois plateaux-repas. Quinze heures pour laisser au Japon le temps de se laisser désirer une dernière fois. Quinze heures délicieuses où l’on peut encore rêver, imaginer ou fantasmer son Japon idéal.

À l’arrivée, la magie opère, le même choc culturel que la première fois ! C’est le début de 20 jours intenses.

Quelques mots sur le Japon

Se rendre au Japon c’est d’abord changer de culture. Malgré un environnement moderne et très influencé par la civilisation occidentale, le Japon a gardé une identité très forte que le visiteur doit comprendre. Le respect, la politesse et la discrétion sont des valeurs cardinales de la société japonaise. D’ailleurs, à notre arrivée à l’aéroport, ce qui nous impressionne le plus est le calme du hall des arrivées. Les voyageurs sont comme partout ailleurs, pressés de partir, stressés par leur vol, ou simplement heureux de retrouver un proche, mais à la différence de nos aéroports, seul un murmure brise à peine le silence.

S’y rendre…

Pour s’y rendre, on n’échappera généralement pas à l’avion. Depuis que l’espace aérien russe est fermé aux compagnies occidentales, le trajet s’est rallongé de quelques heures et le prix du billet a augmenté. Ce dernier peut également varier en fonction de la saison. La période de floraison des cerisiers sera plus chère que la fin de l’été par exemple. Utiliser un comparateur de vol comme « Google Flight » (ou un autre) est plus qu’indispensable. Si vous le pouvez, réservez votre billet le plus tôt possible. Aussi, certaines compagnies seront meilleur marché si vous consentez à faire une escale. Le tout est de trouver le meilleur rapport temps/escale/qualité/prix. Quant aux formalités d’entrées sur le territoire, elles sont simplifiées, il vous faudra un passeport en cours de validité. Les ressortissants européens n’ont pas besoin de visa. Vous pouvez séjourner trois mois comme touristes sur le territoire nippon. Vous aurez juste à remplir un petit formulaire dans l’avion.

Comprendre (un peu) la société japonaise

Au japon, le concept d’individualisme est très édulcoré et très éloigné de notre style de vie. Cette caractéristique qui vient du fond des âges régit toute la société nipponne. Tout au long de sa vie, le japonais est confronté au conformisme. S’il n’est pas suivi, le risque est de se mettre au ban de la société. L’individu doit se fondre dans le moule scolaire ou professionnel. Même dans les loisirs, le conformisme est partout. Ce contrôle social à chaque étage donne des résultats surprenants. La politesse, le respect, le calme, la propreté et la retenue sont bien visibles. Il n’y a quasiment pas de crimes, les rues sont très propres, le peuple est civique. Si vous oubliez votre portefeuille, on court vous le ramener. Les trains, métros et bus des grandes villes sont exemptés de tags et autres dégradations, on ne fume pas en rue sauf aux endroits dédiés, on garde ses petits déchets jusqu’à une poubelle publique (ou l’on attend d’être chez soi). Ne vous étonnez pas qu’un passant vous propose de vous prendre en photo s’il voit que vous faites un selfie.

Ces aspects, très positifs, et dont on pourrait s’inspirer, peuvent nous pousser à réfléchir plus loin. Le monde professionnel est sans pitié, le modèle familial est figé. Il est très compliqué pour les femmes de divorcer ou d’assumer seule un ménage. Elles sont encore stigmatisées. Les couples homosexuels n’ont aucun droit civil équivalent aux hétérosexuels. Ils sont acceptés dans la société, mais ils ne peuvent se marier et encore moins adopter un enfant.

On peut se poser la question de l’individualisme qui s’efface pour se fondre dans un corps social. À part dans quelques quartiers tokyoïtes, il y a peu de variété dans la mode. L’uniforme est de rigueur des maternelles jusqu’à la retraire.

Toutes ces caractéristiques font que le japonais n’est pas facilement accessible. Il est très difficile d’engager un vrai dialogue au-delà des convenances de circonstance. D’abord parce qu’il existe une véritable pudeur à se découvrir, ensuite parce que l’anglais n’est pas bien maîtrisé. En prenant le temps, en quittant les routes touristiques, en vous laissant guider par votre instinct et en dépassant ces petits préjugés, vous pourrez faire de très belles rencontres. Un peu d’Anglais de chaque côté et un smartphone avec « Google traduction » permettent de passer de beaux moments.

Heureusement, la société évolue, ainsi l’image du tatouage a changé en quelques années. D’abord considéré comme l’apanage des mauvais garçons, il est devenu un attribut des sportifs, célébrités, etc. Même si les Japonais ne se tatouent pas encore en masse, il est maintenant regardé avec curiosité et bienveillance.

Se déplacer

Une fois arrivé, vous aurez besoin de vous déplacer. Dans les grandes villes, vous pouvez, par exemple, prendre une carte PASMO ou SUICA. Ce sont des portefeuilles électroniques que l’on recharge dans les petits magasins de rue (« Seven-Eleven ») ou aux automates dans les gares et stations de métro. On scanne à l’entrée et à la sortie de la station et le tour est joué, c’est payé. Elle fonctionnera également dans les bus ou tramways. Si l’on se rend dans des campagnes les plus reculées, elle ne sera pas acceptée, il faudra sortir votre petite monnaie.

Les stations de métro ou de trains sont écrites en caractères japonais ou latins. Les lignes du réseau de métro sont également identifiées par une lettre (initiale du nom de la ligne) et un numéro pour identifier la station. Malgré une carte complexe (notamment à Tokyo), se déplacer est donc très facile. En plus, si vous êtes un peu perdus, il n’est pas rare qu’un usager vienne vous aider et prendre de son temps pour vous accompagner sur le bon quai.

Avant de monter dans une rame ou un train, portez votre attention sur le comportement de la foule. Même si elle est nombreuse, une certaine discipline règne. Personne ne court, personne ne se bouscule. On attend que les usagers descendent avant de monter dans le train et chacun monte dans l’ordre d’arrivée. Dans les stations les plus fréquentées, des lignes sont dessinées au sol à cet effet. Si vous téléphonez, il vous faudra chuchoter en mettant votre main devant la bouche.

Pour voyager plus loin, le train reste une bonne alternative. Avant votre départ, vous pouvez vous procurer un « Japan Rail Pass ». Il vous donne accès à tous les trains sur tout le réseau ferré. Son prix a augmenté récemment. En fonction de l’itinéraire choisi, il faudra un peu calculer entre un JRPass national ou régional. Plusieurs sites internet le vendent directement en ligne. Les agences accréditées sont disponibles ici.

Pour prendre un bus ou un train local, généralement, il faut rentrer par la porte arrière. On valide sa carte à l’entrée et à la descente du véhicule. Le montant du trajet est automatiquement déduit. Si vous ne disposez pas de carte ou s’il n’y a pas de lecteur de carte, vous trouverez un petit distributeur de ticket. Vous trouverez un numéro qui indique votre station de montée. Pour connaître le prix du voyage, il suffit de regarder l’écran au-dessus du chauffeur, trouver son numéro de station, et de payer le montant indiqué lorsque vous descendez.

Payer

Malgré toute sa technologie, vous paierez beaucoup en espèces. Le Japonais aime son papier-monnaie. Vous pouvez prévoir de changer de l’argent avant de partir ou d’en retirer directement sur place. Dans ce cas, vérifiez les tarifs bancaires de votre carte de retrait. Ils peuvent finir par engendrer des frais non négligeables.

Souvent, sur le comptoir du commerçant, vous allez apercevoir un petit plateau. Vous ne donnerez jamais l’argent de main à la main. Vous le déposez sur le plateau et le commerçant vous rendra la monnaie avec votre reçu en retour de la même manière.

Payer par carte est possible dans les supérettes, certains magasins (pas chez un petit artisan par exemple). Pour les restaurants, c’est plus partagé, dans les grandes villes, les plus grands établissements disposent d’un terminal. Par contre, dans les petits restaurants (assez nombreux même en ville) vous paierez en monnaie sonnante et trébuchante. La dernière coutume à préciser est de ne jamais laisser de pourboire. Il est considéré comme un affront, c’est impoli.

Se restaurer

La gastronomie japonaise est fine, variée et diététique. Les plats les moins chers sont les « ramens ». Ce sont des pâtes servies dans un bouillon accompagné de viande (ou poisson), un œuf mi-cuit et des légumes. Ce plat coûte entre 750 et 1300 yens soit, au cours actuel de la monnaie entre 8 € et 12 €. L’eau dans les établissements est gratuite.

Comme la mer n’est jamais très loin, le poisson occupe une place de choix sur la table. Au matin, à midi, ou au soir, on peut en manger à toute heure et partout. Découpé en fine tranche, frit, cuit directement sur un petit barbecue, il est préparé directement pour pouvoir être mangé avec des baguettes. C’est notamment avec ce plat que l’on pourra goûter au célèbre « wasabi ».

Dans de nombreux endroits comme sur les marchés ou les fêtes de quartier, des stands seront dressés pour pouvoir manger directement en rue. Nous avons pu goûter le fabuleux bœuf « wagyu ». Sa texture est extraordinaire, la viande est délicatement marbrée par le gras de la bête. À la cuisson, elle se libère pour donner une texture fondante. Elle est un véritable trésor culinaire. Elle se déguste en fines tranches grillée avec quelques épices. C’est un délice.

Le repas se prend également toujours avec du riz et, au moins une fois par jour, une soupe « mizo » (une sorte de bouillon).

Comme boisson, on trouve de tout. Principalement, on boira du thé vert (froid ou chaud) non sucré, de la bière (quelques marques de type « pils ») ou un saké doux. Ce dernier est moins fort que le saké que l’on nous sert au restaurant en Europe. Il se rapproche plus d’un vin (pour le titrage alcoolique) et d’une boisson liquoreuse pour le goût. Comme pour le vin en France, il en existe des centaines de sortes, toutes différentes.

En deux mots, le Japon c’est chouette ! On change de monde, on plonge dans une civilisation moderne et traditionnel à la fois.