Semaine madrilène et andalouse

Semaine madrilène et andalouse

29 avril 2024 0 Par Gilles Fontaine

Lors d’un précédent voyage, nous avions déjà visité l’île espagnole de Lanzarote. Cependant, l’Espagne continentale manquait à notre palmarès. Nous sommes assez curieux de découvrir un pays qui a été la première puissance mondiale sur lequel le soleil ne se couchait jamais. On prévoit un itinéraire de huit jours partagé entre la capitale et l’Andalousie. Le programme sera assez dense avec la visite du Palais royal, du musée du Prado, du jardin botanique, de Grenade et de Cordoue en n’oubliant pas un passage par la Sierre Nevada et les lieux de tournage des westerns.

En préambule, nous nous devons d’être honnêtes, si vous êtes à la recherche d’une gastronomie raffinée, d’un peuple avenant et d’un service irréprochable, ce n’est pas en Espagne et plus particulièrement à Madrid que vous le trouverez. On est tout proche de la caricature du garçon de café parisien hautain à la limite du désagréable qui n’hésitera pas à vous facturer une corbeille de pain rassis 10 €.

De plus, il est impératif de préparer ses visites en ligne en réservant ses billets. Les files d’attente sont nombreuses et les places limitées. Pour les sites les plus connus comme l’Alhambra, prévoyez de réserver votre entrée au minimum deux mois avant votre arrivée. Il vous sera quasiment impossible d’acheter des places le jour même. Pour conclure, prévoyez de vous faire contrôler régulièrement aux entrées des différents sites touristiques. Les Espagnols ont une histoire récente douloureuse avec les attentats.

En dépassant ces petits désagréments, en grattant un peu cette première couche de verni, on découvre une histoire plus nuancée, des trésors cachés et des paysages surprenants.

Madrid

Assez étendue, et à l’inverse de Paris, sans unité architecturale, Madrid, à « instar d’un peintre impressionniste, se visite par petite touche. Le palais royal et la cathédrale voisine méritent votre attention. L’intérieur représente bien la puissance d’un empire colonial. Accordez-lui quelques heures pour visiter ses pièces et appartements richement décorés.

Ensuite, vous ne pouvez pas vous rendre à Madrid sans visiter le musée du Prado. Il est tout entier consacré à la peinture. On retrouve les grands peintres de la renaissance, des Rubens, des Bosch, des Goya, des Raphaël, à foison. La richesse des collections est renversante, quasiment émouvante. On s’y perd tant les salles sont nombreuses et richement ornées. Si vous êtes amateur d’histoire de France, c’est le lieu où est exposée une partie des bijoux du fils du roi Louis XIV qui est devenu Roi d’Espagne. Leur voyage en Espagne a permis qu’ils échappent à la Révolution française. Attention, dans tout le musée, les photos sont interdites. C’est la première fois que cela nous arrive et c’est un véritable scandale de confisquer l’image de cette manière.

Enfin, comme d’habitude, nous avons fait un détour par le jardin botanique. Il est au centre-ville juste adjacent au ministère de l’Agriculture. Les plantations sont surtout en extérieur. L’espace dédié aux serres est assez réduit au regard des températures plus clémentes. Au plus fort de l’été, cela doit être un havre de fraîcheur.

Surtout, ne quittez pas l’Espagne sans assister à un spectacle de flamenco. Les émotions vous emportent dans un autre monde. La danse, la musique et le chant s’allient pour former des vagues qui vous submergent sous les pas des danseuses. La guitare rythme les claquements des chaussures sur le parquet et les mains claquent sur les cuisses. Le corps devient instrument, les sens du spectateur sont tous entiers captivés par les tourbillons de la robe qui virevolte.

Grenade, Cordoue et la Sierra Nevada

L’influence et la présence des Arabes jusqu’au XVe siècle ont profondément marqué le sud du pays. Malgré la Reconquista, la société andalouse a été profondément influencée bien au-delà du dernier royaume Nazari de Grenade. Avant la Reconquista, il y a eu un échange culturel qui a perduré pendant des siècles entre chrétiens et musulmans. Après la chute de Grenade, cette multiculturalité n’est plus de mise. Les chrétiens convertissent de force, chassent ou tuent les musulmans ou les Juifs. Malgré cette répression et cette négation de ce métissage culturel, les traces sont restées et perdurent dans certains aspects andalous.

À Cordoue, la grande mosquée a fait le chemin inverse de Sainte-Sophie à Istanbul. D’abord mosquée, elle est convertie en cathédrale. La structure du bâtiment n’a pas changé énormément. Les chrétiens ont rajouté des chapelles sans dénaturer l’esprit de la mosquée. On retrouve énormément de codes de l’art musulman comme la grande cour, des arcades typiques, de la mosaïque et de magnifiques calligraphies. Les ornements sont encore assez bruts avec peu de fioritures. La date de la construction entre le VIIIe et le Xe siècle explique cette caractéristique.

À Grenade, le palais de l’Alhambra, niché entre de robustes murailles, est tout l’inverse. Ici, tout est dentelle de pierre et raffinement dans les jardins. Les ornements sont ciselés comme de petits bijoux. À l’extérieur de la forteresse s’épanouissent les jardins. L’eau coule partout, les jets d’eau composent une douce mélodie apaisante. Quel luxe dans ce pays désertique d’avoir cette profusion d’eau !

À quelques kilomètres de Grenade, de grandes montagnes, le massif de la Sierra Nevada domine la région, ses plus hauts sommets trônent à près de quatre mille mètres. Certains sommets sont encore enneigés. En été, la région est désertique. En ce frais début de printemps, la neige en recouvre encore une grande partie. C’est un spectacle qui devient de plus en plus rare. Ce que l’on sait moins, c’est que nombre de westerns ont été tournés dans la région tant les paysages présentent bon nombre de similitudes avec l’Ouest américain. Les lieux de tournage ont été conservés et peuvent être visités. Pour les amateurs du genre, c’est un passage obligé, les duels, l’ambiance du saloon vous replongent dans l’univers du film « le bon de la brute et du truand ».

C’est sur cette touche que nous quittons l’Espagne. L’Andalousie restera certainement notre meilleur souvenir sans oublier l’expérience du flamenco qui nous aura transcendés. La région mérite certainement plus que trois jours de visite.