Lone Pine, promenade sur le point culminant de la Californie (partie VI)

Lone Pine, promenade sur le point culminant de la Californie (partie VI)

24 février 2023 0 Par Gilles Fontaine

Il est enfin temps de quitter les grandes villes. Nous nous rendons à Lone Pine, petite localité de 2000 âmes traversée par la route 395. Cette dernière fait partie des grandes routes américaines. Certes, elle est moins célèbre que sa consœur 66 mais elle jouit d’une petite renommée. Elle relie Los Angeles au Canada par l’intérieur des terres. À l’ouest, le mont Whitney haut de 4421 mètres, à l’est, d’autres montagnes, moins hautes et, juste derrière la vallée de la mort. La ville est l’image d’Épinal d’une communauté rurale des États-Unis. Son emplacement proche de Los Angeles, sa nature préservée, ses montagnes, le désert tout proche font de Lone Pine un endroit idéal pour tourner les westerns. D’ailleurs, une fois par an, le Tout-Hollywood s’y déplace pour participer à son festival de films du genre.



Nous commençons par un endroit un peu particulier : le camp d’internement de Manzanar pour les citoyens américains d’origine japonaise durant la Seconde Guerre mondiale. C’est un endroit isolé, un peu plus au nord de Lone Pine. En effet, si un détenu avait eu l’idée de s’échapper, il serait vite repéré dans un environnement majoritairement peuplé de blancs. Plus de cent mille détenus ont été retenus dans ces murs. Il est étonnant de voir que le pays de la liberté a interné ses propres citoyens sur un critère uniquement racial alors que les Américains d’origine allemande n’ont pas subi le même traitement. À ce stade, il faut quand même signaler que le traitement des prisonniers était nettement plus correct qu’en Allemagne ou dans les territoires sous domination japonaise. À sa fermeture en novembre 1946, peu d’internés japonais ont su récupérer leur vie antérieure. Ils avaient tout perdu, terre, emploi, reconnaissance sociale. Par cette visite, on se connecte à une époque où la ségrégation raciale était en vigueur. Il faudra attendre 1964 pour voir la fin de cette politique. Ce n’est pas si lointain.

Nous ne prévoyons pas un programme très dense pour ces trois jours. Comme nous ne passerons pas par le parc national des Séquoias mais que nous sommes juste sur le versant opposé et que les forêts sont les mêmes, nous partons randonner quelques heures sur les pentes du mont Whitney culminant à 4300 mètres. Vous pouvez, sur une journée, rejoindre le parc des séquoias. La randonnée n’est pas très technique et bien balisée. Un minimum d’équipement est quand même requis, toile de tente, vêtements chauds, bonnets, bonne chaussure, etc. sont indispensables.

Sur l’aire de départ, on trouve un parking et un camping. On remarque que l’ours n’est pas loin. Les poubelles, les vivres des campeurs sont tous enfermés dans des armoires scellées. Sur le sentier, on ressent toute la puissance de la nature, des sommets quasiment aussi hauts que le Mont-Blanc, des rivières et des torrents. Au fur et à mesure de notre grimpette, la végétation se raréfie. Nous arrivons quasiment au niveau du lac de Lone Pine à 3000 mètres quand le temps commence à changer. Nous rebroussons chemin, sous un temps de plus en plus menaçant. Nous essuyions même une petite averse de neige.

Nous profitons des quelques heures restantes pour visiter les environs de la localité. C’est assez bucolique. Nous sommes au début du mois de novembre, le festival du film s’est terminé quelques semaines plus tôt, les enfants défilent pour Halloween et les commerçants s’apprêtent à hiberner. La saison se termine, tout le monde attend les chutes de neige qui vont venir endormir la petite ville jusqu’au printemps prochain. On pourrait se croire dans un film. On a l’impression d’y être déjà venu.