Le mont Aso (Partie 6)

Le mont Aso (Partie 6)

26 janvier 2024 0 Par Gilles Fontaine

Nous délaissons la côte pour quelques jours et nous rendons au centre de l’île. Sur la carte, une curiosité attire l’œil. Quelques villages sont situés au centre d’une grande caldeira. Sa taille est immense. Elle fait plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre. C’est une des plus grandes au monde. Au centre, le mont Aso, le volcan, toujours en activité. Il crache de la fumée en continu. Plusieurs sources thermales chaudes en font une destination prisée pour ses bienfaits. La population du cratère et des alentours immédiats du volcan est d’approximativement 100 000 personnes.

La ligne « Hohi » traverse l’île par l’intérieur des terres et coupe littéralement le cratère d’Aso en deux. C’est une voie unique parcourue par de petites rames automotrices. Nous quittons Oita à l’heure de la sortie des écoles, notre automotrice est remplie d’étudiants. Au fil des minutes, nous quittons la ville et parcourons les champs et rizières. En octobre, les agriculteurs le récoltent, les parcelles sont parsemées de petites bottes, toutes bien alignées. Ensuite, le trajet se fait plus sinueux, la voie monte, les champs font place à la forêt. Le soleil se couche, ses rayons inondent la campagne de reflets rouges et orangés. Nous sommes déjà loin d’Oita, les étudiants sont sortis. Tranquillement, quelques voyageurs montent et descendent. Nous entrons dans un tunnel, et de l’autre côté, nous entrons dans la caldeira. Plus que quelques courbes, le train s’arrête, nous descendons à la gare d’Aso, gardée par le chien Kuro. C’est un personnage récurrent de l’île et c’est la mascotte de la station.

Nous logeons dans une auberge traditionnelle encore tenue par un couple d’agriculteurs et leur fille. La soirée est déjà bien avancée et nous sommes attendus pour le souper. La maison d’hôtes est tout en bois dans le plus traditionnel style japonais. On se déchausse à l’entrée, nos chaussures sont rangées soigneusement. Le repas est pantagruélique, un bouillon, des légumes, de la viande grillée, du poisson, tout y passe. Comme l’auberge est traditionnelle, les tables sont basses et nous devons nous asseoir en tailleur. Quelle torture pour nos corps raides ! Nous sacrifions à la tradition le premier soir, le lendemain, nous prenons de petits sièges prévus à cet effet. C’est moins traditionnel, mais plus confortable. Rassasiés, nous prenons congé de notre hôte après avoir remercié chaleureusement notre cuisinière et allons prendre un bain avant de nous coucher épuisé par les émotions de la journée. Ici, le climat est plus continental, la température chute rapidement le soir, les couettes sont plus duveteuses, notre chambre ouverte sur le jardin est comme un cocon douillet.

Nous passons deux nuits à Aso. C’est notre plus courte étape, mais certainement la plus authentique. Le lendemain, nous nous rendons au centre du village. Il s’y tient un marché local. Les légumes de la fin de saison sont nombreux. C’est une belle ambiance d’une petite ville de campagne.

Malheureusement pour cette unique journée et notre excursion sur le volcan, le temps n’est pas de la partie. Ce sera notre seule journée maussade. Au sommet, un brouillard à couper au couteau. Nous espérions une éclaircie en milieu de journée, mais elle n’est jamais venue. Le cratère gardera donc ses mystères pour cette fois. Le volcan est au centre d’un bassin de vie. À ce titre, il est sous surveillance stricte. Sur le lieu de visite, les touristes sont comptés, des abris en béton ont été construits en cas de projections de bombes volcaniques. Ils tous équipés de casques. Une signalétique dynamique indique le niveau d’activité du volcan. Le jour de notre départ, juste pour nous narguer, le sommet du volcan s’est dévoilé. C’est donc accompagné par l’ombre de ce dernier que nous repartîmes vers Kagoshima, dernière étape de notre voyage.

Un tremblement de terre a frappé la région en 2016. Les voies de communication ont été durement touchées. Des ponts, des routes, la voie ferrée ont été détruits. Cette dernière n’a d’ailleurs rouvert que très récemment en 2020. Les stigmates du séisme sont toujours visibles, de la fenêtre, on peut encore voir des morceaux de route pendant dans le vide, d’anciens ponts ne reliant plus rien.

Petit à petit, nous retrouvons un monde plus urbanisé. La voie devient double, les caténaires apparaissent, on croise des trains de banlieue, les gares se succèdent à un rythme plus rapide et nous voici arrivés à Kumamoto où un Shinkansen nous attend pour Kagoshima. Là-bas, nous aurons une seconde chance d’admirer un autre super volcan, le Sakurajima.