Le Cap-Vert, L’île de Santiago (partie III)
Un an après notre première visite, nous revoilà sur les terres capverdiennes. C’est un véritable bonheur que de retrouver cette ambiance mi -afro-européenne. Cette fois-ci, pas de club de vacances, mais un hôtel dans la capitale, le long de la côte tout proche du centre, dans un quartier un peu éloigné pour y être au calme.
Le programme de la semaine est assez léger, quelques jours de visites et le reste du repos. Nous visitons le centre-ville (le quartier du Plateau) et avons été surpris. À côté du marché africain et de quelques boutiques et échoppes traditionnelles, on trouve énormément de commerces chinois. En discutant avec les habitants, on nous explique qu’ils sont en train de mettre la main sur la totalité de l’économie. Et, effectivement, un peu à l’extérieur de la ville, on trouve les très controversées universités Confucius. L’enseignement y est dispensé exclusivement par le prisme des intérêts chinois. Ils forment des milliers d’étudiants qui constitueront l’élite de la société. Ils seront acquis à la cause de ce géant asiatique. À côté de notre hôtel, on trouve un grand bâtiment en construction. C’est le premier immeuble de tout un nouveau complexe touristique. Il est immense et doit occuper toute une partie du front de mer. Les travaux sont à l’arrêt. Le COVID et la crise immobilière en Chine semblent avoir eu, au moins provisoirement, raison du projet. L’implication de cette dernière dans la société est telle que l’on peut se demander si l’Afrique n’est pas en train de glisser vers une forme de dépendance, d’influence ou de néo-colonialisme. C’est une réalité qu’on lit dans les journaux. Toucher cette dernière du bout des doigts, en voir les conséquences sur une société nous renvoie directement à notre propre histoire coloniale. Nous pouvons également comprendre que ces pays ont envie de consommer et que le seul pays qui est capable de fournir des marchandises au prix du marché local est la Chine. En effet, les pays occidentaux préfèrent livrer des marchandises à d’autres pays plus riches. Des scanners à l’aéroport aux grues dans le port, tout est chinois. Nous ne pouvons que constater l’abandon du pays par les puissances historiques. La Chine a pris une place quasiment vacante.
Nous disposons de la voiture pendant trois jours. Le premier jour, nous décidons de nous rendre à Tarrafal, la grande ville du nord par la côte Est. Cette dernière en soi n’a rien d’extraordinaire. Quelques plages, des restaurants, des magasins de souvenir (chinois). Ce qui est magnifique c’est le chemin. Il sinue entre montagne et mer pendant les premières dizaines de kilomètres. Ensuite, les vingt derniers kilomètres se parcourent sur une route pavée. Nous traversons un énorme plateau. Régulièrement nous croisons tantôt des chèvres, tantôt des vaches en liberté. Au fond des vallées, les cultures sont luxuriantes. La canne à sucre pousse entre les bananiers et les palmiers. On trouve deux visages à l’île, le Sud est plutôt sec alors que le Nord est sous les vents humides. Le contraste est fort, le jaune de la végétation grillée fait place au vert des vallées.
Le lendemain, nous prenons la route de l’Ouest et de l’ancienne capitale. C’est à cet endroit que l’on trouve les plus anciens bâtiments qui datent des explorateurs portugais. C’est l’ancienne capitale de l’île, elle disposait de son fort, sa cathédrale, son marché. On y vendait de tout et également des esclaves venus d’Afrique. Le Cap-Vert était une étape ainsi qu’une plaque tournante pour le négoce des esclaves vers le Nouveau Monde.
Nous passons le troisième jour avec la voiture dans le centre et le parc naturel de « Serra Malagueta ». C’est une belle randonnée en montagne. On peut marcher dans une nature préservée. La promenade est facile ; il suffit de suivre le chemin. Vous pouvez choisir votre distance à parcourir jusque 20 kilomètres. Sur la route du retour, nous avons pointé un jardin botanique. Nous faisons le détour pour le visiter. C’est le plus petit que nous ayons visité. Cependant, on retrouve cette sérénité propre à ces lieux.
Enfin, pour notre dernière visite, nous retournons dans le quartier du Plateau pour un dernier tour. Nous passons devant le palais présidentiel et la caserne de l’armée et décidons de nous rendre à la fondation Amílcar Cabral, le père de l’indépendance capverdienne. Nous découvrons alors l’humanisme de cet homme. Il promut l’éducation pour tous, seul moyen de sortir de la pauvreté et l’égalité. Il a amené son peuple à l’indépendance, mais il n’aura pas l’occasion d’en voir le résultat, il sera assassiné un peu avant.
Voilà il faut déjà repartir, comme dirait Césaria Evora, « petit pays je t’aime beaucoup, petit petit, je l’aime beaucoup ».