La Roumanie, Voyage au cœur des Carpates – juin 2019, De Sibiu à Sighişoara (épisode 4)

La Roumanie, Voyage au cœur des Carpates – juin 2019, De Sibiu à Sighişoara (épisode 4)

2 avril 2023 0 Par Gilles Fontaine

En route pour Sibiu et promenade en montagne

Et nous voilà partis pour notre première étape en voiture. Les autoroutes ne sont pas courantes en Roumanie, le réseau est seulement en train de se construire. Les routes nationales à deux voies de circulation sont nombreuses. Les traversées de village, de petites bourgades ou de villes plus importantes réduisent la vitesse de déplacement. Les routes sont limitées à 90 ou 70 km/h et la traversée des agglomérations se fait à 50 km/h. Une attention toute particulière sera portée aux passages à niveau. Ils sont exécrables et ne peuvent être négociés à plus de 10 km/h. Vous les remarquerez vite, car une file de voitures se forme dès leur approche. Dans les parties les plus reculées du pays, il ne faut pas s’étonner de croiser des attelages tirés par un cheval. Rouler sur les routes roumaines, c’est faire un bond dans le passé sur les chemins de nos parents ou grands-parents dans un monde sans autoroutes.



Dans les parties les plus rurales du pays, le conducteur ne devra pas s’étonner de croiser des vendeurs ambulants. Pour un prix modique, vous pourrez acheter des fruits de saison ou des légumes venant de leur propre production. Aux arrêts de bus, des attroupements se forment, les Roumains, qui ne disposent pas tous de voiture, font du stop et comptent sur la bonne volonté des autres conducteurs. Ce service est rétribué contre quelques lei. Il constitue une alternative valable face à une offre de transports en commun défaillante.

Nous arrivons à Sibiu en fin de matinée juste pour le dîner. Nous faisons ensuite une petite promenade au centre-ville et découvrons ses monuments historiques. Nous décidons de ne pas trop nous y attarder malgré la très belle unité architecturale. La similitude avec Brașov nous conforte dans l’idée de rejoindre notre hôtel situé dans la montagne à 30 km de la ville. On pourrait se croire dans une station des Alpes. Nous croisons des remontées mécaniques, des pistes de ski et un massif forestier à couper le souffle. Les circuits de randonnées sont bien balisés et accessibles avec une simple paire de bonnes chaussures de marche. Attention à la météo montagnarde, le temps est très changeant et les orages se déclenchent rapidement. Nous prenons également le temps de nous détendre dans les infrastructures de l’hôtel (piscine, spa, massage, cave à sel, sauna sec, hammam, etc.).

Arrivée à Timisoara notre point le plus à l’Est et étape à Oradea

Nous quittons les montagnes pour rejoindre les plaines de l’Est proches de la frontière hongroise. Nous arrivons à Timisoara, ville universitaire et berceau de la révolution de 1989 qui a subi une très violente répression de la part du pouvoir de l’époque. Il est assez choquant de voir le monument commémoratif négligé.

La ville elle-même donne cette impression, entre négligence dans l’entretien des bâtiments et restauration. On remarque bien que la manne touristique n’arrive pas jusqu’ici contrairement à Sibiu et Brasov. Une exception se voit comme le nez au milieu du visage, la cathédrale et les églises sont richement décorées et pleines à craquer. En déambulant dans la ville, on passe par des rues et des places tantôt restaurées, tantôt presque abandonnées. Sous son aspect un peu léthargique, on devine et aperçoit la grandeur passée de la ville qui ne demande qu’à être réveillée.

Nous faisons étape un peu plus au Nord, dans la ville d’Oradea. Nous y restons une nuit et disposons de l’après-midi pour visiter. Ici, l’ambiance change du tout au tout, une rivière traverse la ville, ce qui lui donne un dynamisme naturel. On remarque immédiatement la meilleure santé économique de la région par rapport à Timisoara, place restaurée, rue proprette, galerie parée de magnifiques vitraux. Encore une fois, la Roumanie est une terre de contraste, sur 120 km de distance, au cœur d’un territoire rural, on passe d’une ville dans le besoin à une cité plutôt prospère.

Retour à Bucarest en passant par les mines de sel de Turda et Sighişoara

Nous voici en route pour la dernière étape de notre périple roumain, la ville médiévale de Sighişoara. Sur la route, nous ne pouvons pas faire sans nous arrêter dans les mines de sel de Turda. Et quelle visite ! Elle vaut vraiment le détour. Nous commençons par descendre quelques marches. Elles donnent sur un long couloir de plusieurs kilomètres. Nous pouvons le parcourir sur l’intégralité de sa longueur de l’entrée touristique à l’ancienne entrée de la mine. C’est un couloir sans fin un peu angoissant, frais quand il fait canicule dehors. Mais nous n’avons encore rien vu, après quelques salles didactiques nous découvrons un ascenseur et un escalier. Nous décidons de prendre l’escalier et l’aventure commence.

Nous accédons au sommet d’une cavité haute comme un immeuble de 13 étages. Nous parcourons la totalité de la longueur de la galerie, soit une centaine de mètres. Nous apercevons enfin l’escalier qui nous amène dans les antres de la terre. La cavité creusée est digne des plus belles cathédrales, l’homme l’a façonnée et la nature l’a sublimée. Et là encore, nous sommes surpris : où en Europe occidentale on transformera ce lieu en musée ou lieu de savoir, ici, c’est une plaine de jeux géante pour petits et grands. On y trouve des jeux pour les enfants, tables de ping-pong, un petit théâtre et même une roue de foire cependant, le souvenir des travailleurs n’est pas oublié, on y trouve de larges panneaux didactiques.

En arrivant au bout de la salle, la mine va, une dernière fois nous ébahir. Un dernier escalier, de nouveau de 13 étages et voici le lac souterrain avec un embarcadère avec quelques barques pour y naviguer. On y trouve aussi des bancs, un éclairage digne des mines des nains dans le Seigneur des Anneaux ou serait-ce Tolkien qui s’en serait inspiré pour son roman ? Au bout de trois heures de visite, nous remontons à la surface, assoiffés, car l’air est très salin. Comme dans chaque lieu touristique en Roumanie, l’entrée du site est investie par des petites boutiques où l’on peut se restaurer ou acheter un petit souvenir. Nous reprenons la route et arrivons à Sighişoara dans la soirée. Nous logeons dans un petit hôtel au pied de la vieille ville, dans une demeure du XVIIème siècle restaurée avec le plus grand soin.

Ici, nous retrouvons un lieu plus touristique, mais réellement magnifique. C’est une ville moyenâgeuse accrochée à son éperon rocheux avec ses remparts, son église, ses petites rues. Hors des murailles, c’est le retour à la ville moderne avec ses voitures, magasins, lieux de vies et habitations. Y passer deux jours complets est idéal pour profiter de la forteresse. Nous avons un réel coup de cœur pour le cimetière et la petite église attenante. Nous en profitons également pour visiter la cathédrale moderne de l’autre côté de la rivière. Encore une fois, tout est en dorure. La ferveur religieuse est perceptible dès que l’on passe la porte.

Et voilà, nous arrivons au bout de notre tournée roumaine. Nous rentrons à Brașov et prenons le train pour Bucarest sous un soleil radieux. Le lendemain, ce sera l’avion pour Bruxelles et le retour en Belgique. Nous sommes ravis de notre voyage, la Roumanie est à découvrir. Pour notre part, nous avons été ravis de partager ces quelques lignes avec vous.