La Norvège, les musées d’Oslo (partie III)

La Norvège, les musées d’Oslo (partie III)

16 février 2023 0 Par Gilles Fontaine

Le musée Munch

Un incontournable de la capitale est le musée Edvard Munch. L’artiste norvégien est né en 1863. Il décède en 1944 à Oslo et lègue des milliers d’œuvres à la ville par décision testamentaire. Il est très tôt marqué par la mort de ses proches et appartient au mouvement expressionniste. Il rencontre d’autres peintres lors de voyages en France et en Allemagne. Les autorités norvégiennes le reconnaîtront de son vivant. Sa toile la plus connue est « Le cri ». Il en existe cinq versions. Malheureusement, celle détenue par le musée n’était pas exposée lors de notre passage. L’absence de ce tableau star passe presque inaperçue tant la variété de son œuvre est impressionnante. On retrouve les mêmes tourments que dans la peinture d’un Van Gogh. En parcourant son histoire, nous apprenons qu’ils souffraient du même mal qu’est la dépression. Il faut croire que chez certains hommes la maladie met en exergue leur talent. Munch révèle avec brio les turpitudes de l’homme moderne emporté par une crise d’angoisse existentielle.


Pour sa peinture, il s’inspire principalement du fjord d’Oslo ou de sa propre famille. Même si son œuvre date de la fin du XIXe début du XXe siècle, son message reste d’actualité. Le musée Munch est accessible avec « l’Oslo pass ». Comptez la matinée pour effectuer la visite de manière tranquille. Des fascicules (en anglais) sont mis à votre disposition gracieusement. Il est difficile de rester insensible à sa peinture. On se perd vite dans les méandres de l’esprit de l’artiste. Nous quittons le musée ravis d’avoir mieux connu Edvard Munch et interpellé par son histoire marquée par la mort.

Le musée du Kon-Tiki

Nous commençons par le musée du Kon-Tiki. Il est construit juste à côté du musée des explorations polaires. La Norvège est une terre qui a porté de grands explorateurs aussi bien dans les eaux polaires ou tropicales. Comme nous ignorions cette dernière spécificité, nous décidons d’en savoir plus. Le musée accueille ses visiteurs par un Moaï, une statue similaire à celles que l’on trouve sur l’île de Pâques. Il retrace la carrière de Thor Heyerdahl et son équipe. Il a consacré sa carrière d’anthropologue à travailler sur les peuples polynésiens. Sa plus grande réussite est la traversée de l’océan indien à bord de son radeau (le Kon-Tiki) en 1947. Il a ainsi prouvé que ces derniers pouvaient se déplacer sur de longues distances à bord d’embarcations rudimentaires. Sa pensée était à contre-courant de ses confrères. Il a confirmé par l’exemple que la traversée était possible. Il a fait évoluer la science en la forçant à abandonner ses préjugés sur ces peuplades et démontrer que les flux migratoires ne se sont pas déroulés des Amériques vers l’île de Pâques, mais de Polynésie vers l’île de Pâques.

On peut y admirer ses différents radeaux, objets de la traversée ainsi que différentes pièces archéologiques. La grande nouveauté de son expédition est qu’il en a fait un film. C’est un des premiers témoignages du genre. Il a ainsi participé à la vulgarisation et à la diffusion du travail des scientifiques auprès d’un large public. Il récolta le prix du meilleur documentaire aux Oscars en 1951. Thor Heyerdahl fait honneur à ses origines vikings en participant à leur séculaire tradition d’exploration même si c’est sur un terrain plutôt tropical ! Comptez deux petites heures pour la visite dans une ambiance feutrée.

Le musée des navires vikings

Nous poursuivons par un autre incontournable quand on veut mieux comprendre l’histoire du peuple norvégien, le musée des navires vikings (compris dans l’Oslo-pass). Son architecture évoque la quille d’un drakkar retourné. Le lieu est un peu plus touristique, mais les visiteurs sont relativement peu nombreux. Le bâtiment abrite des reconstitutions de drakkar, des objets vikings dont certains très bien conservés et des structures de bateaux d’époque. Actuellement, le site est fermé pour restauration, il rouvrira en 2026.

Il nous apprend que les Vikings ne sont pas les vulgaires pillards des rivages français ou anglais. Ils ont découvert le Groenland et Terre-Neuve, commercé, échangé sur de longues distances. Nous sommes étonnés : comme au musée du Kon-Tiki, les embarcations ne sont pas démesurées, elles sont mêmes petites par rapport aux distances parcourues.

Du point de vue de nos cultures latines et romanistes, on a souvent tendance à considérer cet art et civilisation comme « barbare ». Quand vous sortez du musée, ce jugement a priori doit tomber tant la finesse des sculptures, de l’orfèvrerie montre une civilisation raffinée et cultivée. La beauté est partout ! La ligne des navires est étonnamment moderne, le design des pièces est quasiment contemporain tant les lignes sont épurées.