Kagoshima, la grande ville du Sud, un aperçu d’Okinawa (Partie 7)

Kagoshima, la grande ville du Sud, un aperçu d’Okinawa (Partie 7)

3 février 2024 0 Par Gilles Fontaine

Nous voici arrivés au terme de notre périple sur Kyushu. Kagoshima est notre dernière étape. À l’échelle du Japon, la ville est moyenne. Elle représente quand même une agglomération de près de 600 000 personnes. La cité s’ouvre sur une baie et ensuite c’est la mer. Au centre de celle-ci trône un géant, le volcan Sakurajima. Au départ, c’était juste une île volcanique. Au fil du temps, avec les éruptions qui se succédèrent, la lave a comblé l’espace entre les deux rives. L’île volcanique est devenue presqu’île. Un jour viendra où ce mastodonte volcanique se réveillera. Il mettra à rude épreuve les habitants de cette Naples extrême-orientale.

En attendant, le volcan fait partie de la vie et il n’empêche pas la cité de vaquer à ses occupations.

Le climat est différent, on voit de nombreux palmiers, des fleurs exotiques, nous ressentons une chaleur douce et un peu humide. L’Océan Pacifique s’ouvre à quelques kilomètres vers l’archipel d’Okinawa. Ce n’est qu’un aperçu, mais, à ce moment, on comprend que de grands noms comme Paul Gauguin ou Jacques Brel soient tombés amoureux de cette région du globe.

Historiquement, la ville joua un rôle important dans la restauration du pouvoir impérial et ensuite sur l’ouverture du Japon au monde lors de l’ère meiji. De nombreuses statues témoignent de cette glorieuse période pour la cité. Elles se situent toutes près du temple « Terukuni-jinja ». Le sanctuaire n’est pas très ancien et date du XIXe siècle. Il n’empêche que c’est un lieu très fréquenté par les habitants. Un peu plus loin, les ruines du château se visitent. Il ne reste pas grand-chose à part quelques pans de murs et la porte monumentale qui marquait l’entrée du domaine. Le parc vaut le détour, ensuite, poussez vers les hauteurs, juste à l’arrière. Une promenade vous mènera sur la colline et son point de vue unique sur le volcan.

Le volcan se visite. Bien sûr, c’est organisé, et cette fois-ci on ne peut pas monter jusqu’au cratère. Il faut prendre un petit ferry. Ils partent deux fois par heure toute la journée. L’attente n’est jamais longue et le prix est de quelques centaines de yens. En même temps, vous pouvez opter pour un ticket « combo » qui permet de prendre un petit bus pour faire le tour du volcan et de s’arrêter aux différents points d’intérêt. Au terminal des ferries, prenez le temps de monter jusqu’au temple juste en face. Il est à taille humaine et très bien entretenue avec ses teintes rouges. Les palmiers qui l’entourent forment un écrin tropical pour ce lieu de culte. Enfin, si vous avez encore un peu de courage, montez jusqu’au parc aux dinosaures. La visite vous apprendra que les Japonais sont fascinés par les monstres préhistoriques. Ils y sont tous, le diplodocus, le tyrannosaure, tricératops, etc., et tout ce petit monde est à taille réelle. Dans l’un d’entre eux, ils ont même installé un toboggan. Sauf si vous vous y rendez au printemps (l’endroit est planté de dizaines de cerisiers), le véritable intérêt réside dans la vue sur le volcan qui est magnifique depuis un petit abri. Vous ne pouvez pas vous tromper, c’est la seule construction solide du parc.

On décide de se déplacer un peu plus au Sud. Pour dernière fois, nous retrouvons notre petit train jaune. Après une petite heure, nous voici arrivés à la petite station balnéaire d’Ibusuki. La première surprise à la sortie de la gare est le calme. Pas une voiture, peu de voyageurs. C’est un lieu d’amusement et en semaine, les Japonais travaillent, tout est fermé ! Nous quittons le centre pour nous diriger sur le front de mer. Des travaux herculéens sont en cours pour se protéger de la fureur des flots. Le tsunami de 2011 a laissé des traces indélébiles et les Japonais veulent s’en prémunir. Nous traversons les plages désertes, un tunnel, un golf tout aussi vide. Nous retournons vers la digue et le front de mer et nous nous dirigeons vers un onsen un peu spécial. La plage d’Ibusuki se situe juste au-dessus d’un point chaud. La plage est chauffée et cet établissement (les hôtels du front de mer ont la même activité) propose aux clients de s’immerger dans cette bouillotte naturelle. Les employés font des trous dans lesquels on s’allonge. On est alors recouvert de sable. La chaleur vous enveloppe et chaque grain de sable vient s’appuyer sur votre corps pour former une couverture. La sensation est surprenante, le poids du sable compresse chaque centimètre carré. On peut même sentir très distinctement chaque battement de notre cœur ainsi que la pulsation du sang dans les artères. Quand vient le moment de sortir du sable, on passe dans les bains chauds. La sensation est alors divine. Les bains juste après le sable vous font sentir léger et rempli de plénitude. Cet art des bains nippon est vraiment d’un raffinement unique.

Et voilà, le train nous ramène vers Kagoshima pour notre dernière soirée. C’est avec un peu de nostalgie que nous longeons la baie. Le soleil commence à baisser, les couleurs rougeoient et ondulent sur l’eau. Nous avons envie de revoir le volcan avant de quitter le Japon. Nous décidons de faire un tour de grande route et prenons un peu de hauteur.

Avant de faire nos adieux au pays de soleil levant, un peu avant Tokyo, une dernière surprise, nous avons eu la chance d’avoir une vue dégagée sur le mont Fuji.

Ce deuxième voyage nous a fait découvrir un Japon plus secret et plus intime. Il nous montre l’incroyable diversité de ce pays si particulier. C’est la tête remplie de souvenirs et des étoiles plein les yeux que nous nous envolons pour retourner vers la Belgique. Le Japon est toujours un voyage spécial, on pense y trouver modernité, mangas et frénésie. Certes oui, mais très vite, une autre dimension s’ouvre sur la spiritualité, la culture et enfin une certaine introspection (ou alors s’agit-il d’une introspection certaine ?).