1 jour ½ à Tokyo (Partie 2)
Tokyo mérite plusieurs journées de visite. C’est une mégalopole tentaculaire aux mille visages, elle peut être extravagante, spirituelle, moderne ou encore traditionnelle. C’est une ville qui vit jour et nuit.
Pour ce voyage, notre choix délibéré est d’y rester juste quelques heures (36 exactement) avant de prendre notre train pour le Sud et Fukuoka. Si vous visitez le Japon pour la première fois, je ne peux que vous conseiller de rester au minimum trois ou quatre jours. (Cliquez ici pour lire notre premier article sur Tokyo.)
Le but de cette journée est de découvrir d’autres lieux et donc de compléter notre premier voyage. Notre journée va s’articuler en deux temps, d’abord spirituel avec les temples d’Asakusa et le Matsuchiyama Shoden et ensuite plus calme avec une promenade en bateau vers le Odaiba Marine Park et son ancienne batterie de canons transformée en lieu de promenade.
Mondialement connu de par ses lanternes géantes, le temple bouddhiste d’Asakusa tient une place de choix dans les guides touristiques. C’est d’abord un grand portail, ensuite une longue avenue tenue par des commerçants. Ils proposent toutes sortes de petits souvenirs. Enfin, au bout du chemin, on trouvera le temple accompagné de sa pagode tous de rouge vêtu. Juste avant de monter les marches vers le cœur du sanctuaire, les moines vendent des objets de culte. On trouve toutes sortes de gris-gris pour un don modique à partir de 100 yens. Une divination populaire est de secouer un petit pot scellé avec un petit trou. Ce dernier est rempli de bâtonnets. Le pèlerin le secoue, un bâtonnet sort et il récupère la prédiction dans le tiroir correspondant au signe inscrit sur le bâton. Ces petits papiers prédisent l’avenir. Si la prédiction est mauvaise, il suffit de l’accrocher à une sorte d’étendoir. Les moines les ramassent et les brûlent. Ainsi la mauvaise prédiction ne se réalisera pas. Si c’est une bonne nouvelle, gardez-la. Si vous vivez de manière modeste et humble, elle se réalisera. Les bracelets, les petites planches de bois à décorer soi-même avec son vœu à réaliser ou les prières calligraphiées sont un peu plus chers. En bons commerçants, les moines offrent une large gamme de produits spirituels pour toutes les bourses. La religion est un négoce comme un autre, comme à Lourdes ou au Vatican, les religieux vendent la paix de l’esprit contre une rétribution.
C’est ainsi qu’un temple et ses moines vivent : grâce à leurs fidèles. On mesure également l’aura spirituelle du temple à sa fréquentation. Plus il est visité, plus les fidèles achèteront des objets de culte et plus la divinité sera respectée et il pourra ainsi grandir et se développer. Ce sanctuaire a été fondé au Xe siècle, a été détruit par des séismes, des incendies ou des guerres. Sa dernière reconstruction date d’après la Seconde guerre mondiale en 1960. C’est un lieu très prisé des touristes.
Tout proche, à quelques minutes à pied, un autre temple, moins fréquenté et radicalement différent se dévoile : le Matsuchiyama Shoden. Ce dernier date également du IXe siècle. Aller prier dans ce lieu vous procurera la bonne santé mentale et physique. Alors que les touristes sont des milliers à quelques centaines de mètres, c’est un endroit plus intimiste et nettement moins visité. Il mérite largement un passage, ici on peut prendre le temps de monter les escaliers vers le sanctuaire, marcher tranquillement et se perdre dans ses pensées.
Si l’on prend le temps de marcher jusqu’à la rivière Sumida, la tour de Tokyo haute de 632 mètres apparaîtra sur toute sa hauteur.
Pour la fin de la journée, nous prévoyons une promenade sur la baie de Tokyo ainsi que la visite du parc marin d’Odaiba. On se dirige vers l’embarcadère tout proche d’Asakusa pour monter dans un bateau aux allures futuristes avec des fenêtres en forme de bulles. Cela donne une petite allure de libellule à l’embarcation, il lui manque juste les ailes. Découvrir une ville à partir d’un fleuve, voir ce dernier s’élargir et se jeter dans la baie de Tokyo offre un point de vue unique. Les berges sont aménagées avec de hauts murs. Régulièrement, les petits affluents et voies d’eau qui se jettent dans le fleuve sont surmontés de larges portes monumentales. En cas de tsunami, elles doivent se fermer pour protéger la ville. Au bout de 45 minutes, le parc d’Odaiba est en vue et nous accostons. La ville semble loin, la vue sur le Rainbow bridge est royale. On y trouve un bâtiment aux allures futuristes coiffé d’une grosse boule métallique, il héberge un centre commercial et un aquarium. Les lieux sont aménagés en parc avec des plages et une réplique de la statue de la Liberté.
Au bout de la promenade, un lieu étonnant, c’est un bastion posé sur l’eau. Grâce à ses canons, il était chargé de protéger l’entrée de la ville. Aujourd’hui désarmé, c’est un refuge pour la nature, les promeneurs et les joggeurs.
Pour les dernières heures en ville, nous promenons aux alentours de la gare Centrale. On y trouve les jardins impériaux. Nous y avions déjà été lors de notre premier voyage. Cette fois, nous y passons moins de temps. Nous sommes partis plus tard de l’hôtel, le décalage horaire nous avait fait perdre un peu le cours du temps.
Prendre le train à la gare Centrale de Tokyo est une expérience. Une multitude d’entrées et de sorties, des magasins, des restaurants, toute la journée, les voyageurs passent, courent, se restaurent, achètent des souvenirs et des cadeaux. Au bout des couloirs, ça y est, on arrive sur le quai. Tout est réglé comme dans un ballet. Les trains entrent en gare, déversent un flot ininterrompu de voyageurs, en avalent d’autres. Pourtant, malgré cette frénésie perpétuelle, personne ne se touche, tout est calme. Le murmure de la ville est interrompu par les haut-parleurs annonçant l’arrivée et le départ des convois.
Et voilà, ce sont les adieux à Tokyo. À mes yeux, c’est la mégalopole la plus agréable à visiter. Nous montons dans le Shinkansen à destination de Fukuoka pour la traversée de tout l’archipel vers le Sud. Si vous faites un trajet sur cette ligne, essayez de vous asseoir sur la droite du train. Avec un peu de chance, si le temps est dégagé, la vue sur le mont Fuji est magnifique.