
l’Estonie (3ème partie)
Tallinn
C’est la capitale du pays. De l’Union européenne, elle est aussi la plus proche de la frontière russe. La ville a été à tour de rôle indépendante au sein de la ligue hanséatique, incorporée aux différents royaumes scandinaves, à l’Empire russe et plus récemment à l’URSS.
Il en résulte un melting-pot architectural assez unique. Le moyen-âge rencontre le baroque et l’architecture plus classique du XVIIIe siècle. Les constructions plus industrielles datant de l’ère moderne sont restées à l’extérieur de la ville. Aujourd’hui, elles sont abandonnées, et ces quartiers sont reconvertis en résidence d’artistes, musées ou logements. La visite de la ville peut se faire en deux ou trois jours, majoritairement de manière pédestre.

C’est aussi la ville la plus touristique du pays avec ses bateaux de croisière qui font le tour de la mer Baltique en passant par Helsinki, Riga, Oslo, Stockholm et Copenhague en quelques jours sans prendre le temps de découvrir vraiment la culture balte.

Quelques incontournables à visiter selon nous (l’ordre n’est pas préférentiel) :
- La Cathédrale Alexandre Nevsky est au cœur de l’ancienne ville, juste en face du parlement estonien, et est déposée comme une petite meringue sur le point culminant de la ville. La visite est gratuite, mais on est invité à laisser une petite participation. C’est une église orthodoxe tout à fait classique. Son plan est une croix byzantine. Le public accède à la nef. Un grand mur rempli de peintures dorées représentant des saints sépare la partie « privée », le sanctuaire. Les fidèles comme le public accèdent uniquement à la nef où ils peuvent faire des offrandes et vénérer les icônes représentant les saints protecteurs de la ville et de l’église. Par contre, la boutique est là pour que tout le monde puisse y faire un petit achat. C’est le monument ecclésiastique le plus représentatif de la ville et ressemblant à un mini-kremlin.

- Le parlement d’Estonie, comme beaucoup de bâtiments officiels, il est de style néo-classique (ici un peu de style « Saint-Pétersbourg ». Nous n’en avons pas visité l’intérieur. Mais, comme il est juste en face de la cathédrale, ça ne coûte rien d’y jeter un œil.
- Par contre, ne passez pas à côté de la terrasse aménagée en parc, juste derrière le parlement. Elle est très belle à visiter. C’est un petit parc où les habitants viennent se rafraîchir quand il fait très chaud ou juste pour admirer la vue. Elle est en hauteur, exposée aux vents, largement arborée et agrémentée de nombreux bancs publics.
- La cathédrale Sainte-Marie de Tallinn ou Toomkirik, la visite est payante, mais la vue sur les toits de la ville est impressionnante. Avec un peu de chance et quelques mots adressés au gardien, vous pourrez sonner les cloches de l’église. N’ayez pas peur d’y aller avec tout votre cœur ; la ville médiévale ne pourra pas manquer de vous remarquer !

- Les remparts sont présents tout autour de la vieille ville. Il datent de l’époque médiévale et vous pouvez parcourir certains tronçons, comme un membre de la milice sur le chemin de ronde. Ils ont été également conservés avec leur continuité historique. Cà et là, quand ils sont devenus obsolètes, des constructions se sont greffées d’un côté et de l’autre du mur. Certaines portes d’accès fortifiées sont encore présentes. Ces endroits, aussi bien conservés en Europe sont rares. L’ensemble architectural est d’ailleurs inscrit sur la liste de l’UNESCO.

- Les toits de la ville sont des incontournables d’une visite à Tallinn. Le meilleur moyen est de trouver des points hauts ou des terrasses. Elles se situent autour du parlement et de la vieille ville. Les nombreux clochers d’église peuvent aussi offrir de très beaux points de vue.
- Le parc avec le château de Kariorg ainsi que le musée national et le palais présidentiel sont des endroits où il est facile de passer une journée agréable. Le parc est immense et de nombreux habitants viennent y passer du temps. Les enfants jouent librement ; les chiens sont promenés ; l’air est doux et le vent léger ; c’est une belle journée d’un été débutant dans les pays nordiques. La lumière est douce et le soleil réchauffe doucement l’atmosphère. Les journées sont longues et le jour tarde à laisser sa place à la nuit. Au détour d’une avenue et en plein milieu du parc, on trouve une belle maison assez simple. Le panneau nous indique que c’est le siège de la présidence estonienne. Ici, il n’y a pas de barrage de police, mais juste un militaire qui garde l’entrée. Au pied de l’escalier, le jardinier tond la pelouse. Serait-ce le président qui s’occupe de ses roses et de son jardin ? Enfin, la cerise sur le gâteau, le château de Kadriorg est dans le même style architectural que les plus beaux palais de Saint-Pétersbourg. L’intérieur est consacré à l’art et principalement à la peinture et la sculpture. C’est une bonne occasion de s’ouvrir à la peinture slave et russe.


- En quittant le parc, on peut se diriger vers la côte, la plage et le mémorial aux marins du cuirassé Roussalka. Si votre voyage commence, ce sera certainement votre premier contact avec la mer baltique et ses plages. Ce n’est pas celle qui vous marquera le plus mais se sera la première !
- Les anciens cachots du KGB montrent un côté sombre de l’histoire du pays. On parle ici de l’occupation soviétique qui a été très dure. Elle s’est caractérisée par une détention ou une déportation systématique des opposants politiques et des corps constituants de la société civile. Nombre de professeurs, hommes et femmes politiques, intellectuels ont été emprisonnés, interrogés et déportés en Russie profonde. Leur point commun : à un moment, ils sont passés par les cellules du KGB. Elles sont glaçantes. Je vous conseille de poursuivre la visite par le « Vabamu », ou le musée des occupations et de la liberté. C’est un lieu particulier, en effet, les pays baltes ont subi au cours du XXe siècle deux occupations soviétiques et une allemande. Ce musée vient retracer cette histoire. Il narre comment l’occupant a systématiquement essayé de remplacer les populations locales en pratiquant la déportation des autochtones à grande échelle et l’installation de russophones en grand nombre. Un des premiers mouvements de résistance a été d’enseigner la langue estonienne clandestinement partout où cela était possible. Les régimes autoritaires ont ceci de commun, ils musellent les opposants, et la torture fait partie du système de manière structurelle. Le pouvoir judiciaire est mis au pas et les opposants sont des terroristes. À ce titre, on retrouve des marqueurs communs avec le régime albanais qui sévit jusque 1991 (retrouvez l’article à ce sujet en cliquant sur ce lien).


Enfin, Tallinn est une ville agréable, moderne et une capitale à taille humaine. S’y rendre, c’est l’assurance de se dépayser et de ramener dans ses valises un peu de la douceur balte. La prochaine étape sera la ville de Narva, sur la frontière russe.