Le strip de Las Vegas (partie V)
Las Vegas est une ville posée en plein désert, elle est construite uniquement pour le jeu. L’ambiance est très particulière, voire artificielle. Tout commence par un grand panneau « Welcome to Fabulous Las Vegas ». C’est le panneau iconique à l’entrée de la ville. Il est tellement populaire qu’il faut faire la file pour se prendre en photographie en dessous. C’est instagrammable, paraît-il… Dès les premiers mètres parcourus sur « Las Vegas Boulevard », le ton est donné. Les visiteurs viennent du monde entier pour jouer une partie de black jack ou se rendre dans les derniers spectacles à la mode. C’est une sorte de parc d’attractions géant où l’on peut visiter sur une journée les pyramides d’Égypte, la tour Eiffel ou les canaux de Venise.
Pendant cinq kilomètres, les hôtels-casinos succèdent aux hôtels-casinos tous plus grands les uns que les autres. À l’intérieur, tout est dorures, parures, strass et paillettes. Le touriste peut se divertir, manger, et le plus important : jouer.
Ces immeubles sont tellement grands que l’on peut facilement s’y perdre ou y passer des heures sans voir la lumière du jour. Certains établissements accueillent même des attractions foraines comme des montagnes russes.
Le clou de la visite revient indubitablement aux salles de jeu. Elles sont tellement grandes que l’on n’en voit pas le bout : ce sont des enfilades de machines à sous, de tables de jeu. Le bruit est assourdissant, la lumière nous aveugle sur des dizaines de mètres. Certains joueurs, tellement épuisés s’endorment sur leur tabouret. En rue également, la musique, la lumière, les sollicitations de toute sorte ne s’arrêtent jamais. Les touristes, les riches, les pauvres, les sans-domiciles se croisent dans la plus grande indifférence. Sur les cinq kilomètres du strip, on retrouve un concentré du gigantisme, de l’ultra-capitalisme et du dollar-roi. Las Vegas est une ville faite pour le plaisir en XXL à condition d’avoir des dollars à dépenser, rien n’est gratuit à Vegas. Émotionnellement, c’est très contrasté. Sur cette soirée, tellement nous étions abreuvés de stimuli, nous n’avons pas joué et très peu consommé. C’est un choc des valeurs. Nulle part en Europe, Los Angeles ou San Francisco, nous ne retrouvons cette frénésie. Pour le pire, Las Vegas est un concentré des États-Unis, de la surconsommation d’eau, de climatisation, de voitures, d’avions et d’hélicoptères. C’est une surexploitation des ressources pour le plaisir que quelques privilégiés. Tout en ne cautionnant pas ce système, pendant deux jours nous en avons fait partie.