La Roumanie, Voyage au cœur des Carpates – juin 2019, Les Carpates et le château de Dracula  (épisode 3)

La Roumanie, Voyage au cœur des Carpates – juin 2019, Les Carpates et le château de Dracula (épisode 3)

2 avril 2023 0 Par Gilles Fontaine

Voyager en train

Nous laissons Bucarest et partons pour les provinces roumaines, plus particulièrement les Carpates et ses montagnes ainsi que la plaine de l’ouest formant la frontière avec la Hongrie. Pour éviter la fureur urbaine et une longue route en voiture, nous rejoignons le centre du pays en train. Nous avons acheté les billets avant de partir sur le site internet de la compagnie nationale. Le prix des billets est très bon marché. Nous vous conseillons de voyager en première classe. Les trains sont, certes, anciens mais corrects. La vitesse commerciale dépasse rarement les 80 km/h. La ligne que nous empruntons passe par la montagne et vaut véritablement le coup d’œil. Nous arrivons à Brașov en milieu d’après-midi. Nous logeons un peu à l’extérieur de la ville à 15 minutes à pied du centre-ville. Comme le relief est très escarpé, avec les bagages, nous prenons un taxi pour rallier notre hôtel.



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Brașov et ses environs

Brașov est la grande ville de Transylvanie. Elle est constituée d’un centre historique très bien préservé, restaurée avec goût et d’une partie plus moderne. La cité est entourée de collines et de montagnes. C’est, au sens propre comme au figuré, la porte d’entrée des Carpates. Le style de l’architecture est clairement allemand. On pourrait se croire dans une petite ville de Bavière. Et nous n’en sommes pas loin ! L’influence germanique remonte au moyen-âge avec les chevaliers teutoniques qui protégeaient la route de Jérusalem pour les pèlerins. Une fois leur première fonction éteinte, les chevaliers sont restés et ont fondé une communauté germanophone toujours très vivace au cœur de l’actuelle Roumanie. On y parle toujours l’allemand, le culte protestant côtoie les synagogues et les églises orthodoxes.

Contrairement à nos églises occidentales, l’entrée des églises protestantes est payante. Les fidèles doivent entretenir leur patrimoine et payer le ministre du Culte sur leurs propres deniers. Le financement est donc indispensable à leur communauté. L’église noire de Brașov ne déroge pas à la règle ; le prix d’entrée est très démocratique et l’intérieur du bâtiment vaut largement le prix du billet. Vous pouvez suivre la messe en langue allemande chaque jour aux alentours de 10h.

La ville dispose de son téléphérique qui nous permet de prendre un peu de hauteur. Les randonneurs pourront trouver leur bonheur. En effet, la station d’arrivée est le point de départ d’un bon nombre de randonnées. Avec la vue panoramique sur la cité, nous prenons la dimension médiévale de la ville avec ses remparts et la place de l’hôtel de ville. Une activité très sympathique est de se promener derrière les lettres géantes, un petit air d’Hollywood au pays des vampires. Il faut compter une à deux journées pour en faire le tour tranquillement. Le dernier jour, nous allons chercher notre voiture de location, car la suite du voyage se profile avec la visite du château de Dracula et de la forteresse de Rasnov.

Le château de Bran (Dracula) et la citadelle de Rasnov

Pour notre dernier jour dans la région, nous avions planifié la visite du château de Bran ou château de Dracula. C’est ici que la légende transylvanienne prend sa source. C’est en fait le lieu de résidence de plusieurs souverains roumains dont Vlad III dit l’empaleur (1431 ?-1476). Il a régné sur la Valachie pendant la fin du moyen-âge et a été reconnu comme un dirigeant ne supportant aucune contradiction. Il a également résisté au Ottomans. Les contradicteurs étaient le plus souvent tués et les batailles très sanglantes. Il meurt assassiné à Bucarest en décembre 1476. Son mythe est resté enfoui jusqu’au courant littéraire des romantiques du XIXème siècle. C’est l’auteur britannique Bram Stroker qui en fit la demeure du comte Dracula. Il est vrai qu’à la belle saison, le bâtiment est agréable, mais qu’en est-il en plein hiver, sous la grisaille et la neige ? Un vampire aurait certainement pu y résider. On imagine très bien le Comte Dracula sortant de son cercueil dans la nuit hivernale transylvanienne.

Il est difficile de dire si sans cette publicité romanesque ce château aurait bénéficié de la même exposition touristique. Toujours est-il qu’il est devenu un incontournable de Roumanie. Les cars de touristes y affluent déversant en nombre une foule espérant toucher du doigt la légende de Dracula. Les pièces sont aménagées avec goût. Cela permet de voir comment vivaient les aristocrates de la région puisque le château est resté habité par la famille royale roumaine jusqu’à sa chute.

Au pied du château, un petit village de commerces s’est établi. Vous y trouverez des articles artisanaux (ou pas !) dans une ambiance de joyeux bazar. En période touristique, prenez vos tickets en ligne directement sur le site internet du château. Le gain de temps n’est pas négligeable.

Nous reprenons la route et décidons de faire un arrêt sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans la ville de Rasnov qui est le siège d’une ancienne citadelle médiévale. Le contraste est saisissant par rapport à Bran. Ici pas de horde de touristes avide d’images, mais des écoles ou des Roumains désireux d’en connaître plus sur leur propre histoire. La forteresse occupe une position en hauteur à l’entrée des montagnes. Elle dispose d’une vue imprenable sur la plaine et garde l’accès à Brașov. Elle fut fondée par les chevaliers teutoniques. Elle a été habitée jusqu’à une époque pas si lointaine (fin du XIXème début XXème siècle). Elle est très bien conservée et bénéficie de fonds européens pour sa restauration. Comme partout en Roumanie, dès qu’il y a une activité touristique, on y trouve des commerces. Les anciennes maisons sont converties en magasin de souvenirs, bar, ou petite restauration. Cependant, comparés au château de Bran, les aménagements sont faits sans dénaturer l’aspect historique du lieu. Aujourd’hui, plus personne n’habite dans la citadelle. En déambulant dans les ruelles, nous trouvons une exposition photo sur la propagande communiste roumaine. Quel choc ! Le pouvoir communiste instrumentalise tout ce qui pouvait le servir. Il est difficile de rester indifférent face au poids des photos. Nous repartons de Rasnov la tête pleine d’images sur la vie dans une citadelle à l’époque des chevaliers.