Hiroshima et sa région, de l’île de Miyajima au mémorial de la première bombe A (partie III)
Le temple d’Itsukushima
Dès notre arrivée à Tokyo, nous prenons le train pour la ville d’Hiroshima. Pour notre première journée et nous détendre après le voyage, nous visitons l’île de Miyajima. Elle se situe à quelques kilomètres de la ville. On y accède par un court trajet en train et une traversée en ferry d’une vingtaine de minutes. Le prix de ce dernier est compris dans le japan rail pass. La visite prend une journée avec la visite des temples et une excursion sur le mont Misen.
Le ferry commence sa traversée en naviguant à quelques encablures de grands parcs à huîtres. Cette dernière est une spécialité culinaire de la région. La plus grosse huître chez nous ferait office de naine dans leur assiette. La plupart du temps, elle est servie chaude, son goût est assez fort, essayez-la, l’expérience est surprenante ! Nous arrivons ensuite sur l’image de carte postale des guides touristiques avec son immense torii rouge les pieds dans l’eau à marée haute. Il marque l’entrée du monastère d’Itsukushima et délimite le monde terrestre du monde spirituel. Les premiers pas sur l’île sont surprenants, des cervidés sont en liberté et viennent saluer les badauds.
Ensuite, le monastère tout en rouge vermillon se dévoile, lui aussi sur pilotis, les pieds dans l’eau à marée haute. Il est toujours en activité. Sa visite est possible moyennant quelques yens. Par respect, elle se fait en chaussettes, les chaussures à la main, dans un sachet. Généralement, le touriste européen s’arrête au village entourant ce lieu sacré. Les boutiques, temples et pagodes sont nombreux et les rues typiques. À certains endroits on se croirait au mont Saint-Michel tellement les chalands sont l’un sur l’autre ! D’ailleurs, les deux villages sont jumelés.
La saison de la floraison des cerisiers (Hanami pour floraison et sakura pour la fleur de cerisier) vient de commencer, le temps est clément, la température est douce, les habitants profitent du renouveau de la nature. C’est un véritable culte que les Japonais vouent à cette fleur. La télévision annonce même lors des bulletins météorologiques l’avancement de la saison région par région. Les Nippons se réunissent sous leurs arbres pour contempler les fleurs (sens primaire du mot hanami). De nos jours, la contemplation fait place au pique-nique en buvant un verre en famille ou entre collègue. C’est un événement festif où la pudeur japonaise s’efface un peu.
Le mont Misen et le sanctuaire de l’amour
Pour la suite de la journée, nous décidons de monter en téléphérique sur le mont Misen. La montée se fait en deux parties, d’abord des cabines plus classiques, ensuite plus petites où nous sommes entassés par six. Nous effectuons la descente à pied vers le village et le sanctuaire. Cette promenade prend approximativement deux à trois heures en visitant les différents temples et attractions sur le chemin (vue panoramique sur la baie d’Hiroshima).
Sur la route, nous trouvons un petit temple où brûle un feu. Il y a 1200 ans, le moine Kobo Daishi l’a allumé et il ne s’est jamais éteint. Les futurs mariés se sont emparés du lieu et il est maintenant dédié à l’amour. Le feu évoque la flamme de l’amour éternel. C’est un endroit très touchant pour les valeurs qu’il symbolise. Les couples y viennent en pèlerinage. La petite histoire voudra que ce soit ce feu qui a allumé la flamme du souvenir au mémorial pour la paix d’Hiroshima.
Nous repartons comblés par cette première journée au pays du soleil levant. Demain, nous visitons le mémorial de la paix sur les lieux de l’explosion de la première bombe A.
Hiroshima, le mémorial de la bombe A.
Pour toute personne visitant Hiroshima, il est inconcevable de ne pas effectuer une visite au mémorial de la paix. Quelle que soit notre opinion sur ce conflit, on ne peut rester insensible aux milliers de victimes disparues en un éclair et aux autres décédées des conséquences des radiations. Malgré ce lourd passé, Hiroshima renaît de ses cendres pour devenir une ville d’un million d’habitants pleine de vie.
Nous nous rendons sur le site à pied. En même temps, c’est un bon moyen de découvrir la ville. On remarque qu’elle est traversée par plusieurs rivières. Au fur et à mesure que nous approchons du lieu d’explosion de la bombe, les plaques mémorielles se succèdent. Tout ce qui a résisté à la bombe est honoré, principalement les arbres.
Nous arrivons ensuite sur le site même du mémorial. C’est une vaste esplanade dédiée au souvenir et à la paix. De nombreux enfants et adolescents sont sensibilisés aux affres de la guerre. Si l’Empire du Soleil levant a été jadis capable des plus grandes atrocités envers ses voisins, il est devenu un fervent protecteur de la paix. Une flamme du souvenir vient le rappeler ainsi que la cloche de la paix.
Une horloge que l’on pourrait qualifier de cataclysmique trône dans le hall du mémorial. Elle compte le nombre de jours passés depuis l’heure exacte de l’explosion atomique ainsi que le nombre de jours passés depuis le dernier test nucléaire. À la date de notre visite, le compteur marquait 208 jours. L’heure n’est pas à la fête. Nous nous recueillons.
Nous laissons le mémorial et nous dirigeons vers le pont de l’impact. C’est un confluent entre deux rivières. La bombe a explosé à 600 mètres d’altitude pour maximiser son effet destructeur. Quasiment tout a été détruit dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Les habitants de cette zone ont été vaporisés instantanément. Seul le dôme de Genbaku a résisté. Ses occupants ont tous péri, mais la structure a résisté. Il est conservé tel quel depuis lors et symbolise depuis la folie de la bombe atomique.
Nous repartons par des quartiers plus vivants complètement tournés vers l’avenir. On y trouve des magasins, des rues couvertes servant de galeries commerciales. Les échoppes sont nombreuses et la marchandise est variée. C’est une véritable symphonie de couleurs et d’odeurs.
Hiroshima est vraiment une ville à part. Elle est la seule, avec Nagasaki, à avoir subi le feu nucléaire. Elles symbolisent la folie humaine et la guerre totale poussée à l’extrême. Aujourd’hui, Hiroshima s’est relevée et mérite un véritable temps d’arrêt. Nous la quittons à regret, il reste tant à visiter et Himeji nous attend.