Grande-Bretagne, Londres, l’Ecosse et l’Île de Lewis and Harris (Partie 7)
Traversée vers Lewis and Harris, une île deux univers, deux personnalités
Les Britanniques sont déjà pointés pour l’insularité de leur caractère. Nous décidons de pousser le concept plus loin et de nous rendre sur un confetti à l’échelle de la Grande-Bretagne, l’archipel des Hébrides sur sa plus grande île, Lewis and Harris. Le ferry nous emmène d’Ullapool à Stornoway. La ville est plutôt petite, pas de hauts bâtiments, le tourisme de masse est relativement tenu à l’écart. Le nombre de ferries est limité et le trajet dure trois heures rendant l’aller-retour sur la même journée impraticable pour du tourisme d’un jour. Quelques navires de croisières s’y arrêtent une journée, mais les croisiéristes ne sont pas légion à descendre sur terre. L’impression est donc d’une certaine exclusivité. La première surprise est que l’anglais n’est pas la seule langue usuelle. Les habitants parlent le gaélique plus qu’en Écosse « continentale ».
Pour se loger, les hôtels ou auberges sont plutôt concentrés dans les agglomérations. Le nombre de chambres n’est pas très important. Par contre, on trouve énormément de logements chez l’habitant. Ce fut une très belle expérience. Notre hôte a été très accueillant, il a pris le temps de nous montrer les différents lieux à visiter. Si vous prenez la peine de vous arrêter, les îliens sont très avenants et vous feront partager les petits secrets du lieu.
Nous ne logeons pas en ville, notre gîte est quasiment à mi-distance du nord au sud de l’île et nous y restons trois jours complets, c’est une durée idéale. L’île est habitée depuis l’antiquité et les Romains n’ont pas atteint la région. La culture est profondément gaélique, les liens avec les peuples du Nord sont nombreux. C’est sur une plage de cette île que le British Museum a fait une de ses plus belles découvertes avec les figurines d’un jeu d’échecs datant du XIIe siècle. Pour avoir été les observer in situ, le travail est admirable pour des peuples qui ont été considérés pendant de trop nombreuses années comme arriérés. Les traits sont fins et les figurines sont ciselées avec la plus grande modernité.
Ce nom composé de Lewis and Harris symbolise une double personnalité, deux univers en un. Au nord, plat, propice à l’agriculture, calme et dompté, au Sud, des montagnes et des torrents qui dévalent les pentes, des routes sinueuses, des criques et des hanses bordées de sable fin. Les ressources naturelles sont limitées, et il faut faire avec les moyens du bord. Pour le chauffage, comme les ressources en bois sont restreintes et que l’environnement est très humide, on utilise la tourbe. Encore aujourd’hui, les habitants l’exploitent pour la brûler dans les cheminées. Il n’est pas rare de voir les endroits où elle a été prélevée.
Plusieurs sites méritent une visite, les cercles de pierres et les pierres levées, les phares ou les plages de sable fin. À certains endroits, le décor ferait presque penser aux Caraïbes. Il manque juste les palmiers.
Une visite intéressante est la distillerie locale. Tour d’abord, elle est indépendante, elle produit du gin et va débuter la commercialisation de son whisky à partir de septembre 2023. Ensuite, elle est sociale, c’est-à-dire qu’elle fonctionne comme une coopérative. Elle fait travailler des locaux et l’usine leur appartient. Enfin, elle est à dimension humaine et dispose d’une identité forte à l’image de Lewis et Harris. D’ailleurs, on remarque que l’île vit. Ce n’est pas qu’un lieu touristique. C’est d’abord un lieu de vie. Les jeunes générations ne fuient pas cet environnement. Grâce à une politique volontariste, au lien social qui perdure et aux traditions, chacun peut encore y trouver du travail et mener une vie en accord avec son histoire et son terroir. Cela ne veut pas dire que la société est figée dans son passé, loin de là ! Elle est ouverte et bienveillante envers les visiteurs. Le principal point noir est le logement. Trop peu sont disponibles pour les jeunes souhaitant s’installer.
Le dernier jour, le réveil est très matinal. Le départ du ferry est fixé à sept heures du matin. Nous partons pour notre dernière étape, Stirling en passant par les rives du loch Ness. C’est une étape de transition qui nous fera traverser l’Écosse en diagonale. C’est à la lumière naissante du jour et avec une pointe de nostalgie que nous voyons s’éloigner les rivages de Lewis and Harris. Nous saluons le cimetière marin et ensuite, c’est le bras de mer qui nous sépare de l’Écosse et le retour vers Ullapool.