L’Estonie (4ème partie)
Narva, une forteresse balte face à une citadelle russe
Direction l’Est ! Nous allons aux confins de l’Europe à la frontière russo-européenne dans la petite ville de Narva. Là, deux forteresses se font face depuis des centaines d’années. C’est ici que se matérialise la fin de L’Union européenne, mais ce ne sont pas les confins de l’Europe ! L’immense Russie commence juste sur l’autre rive de la rivière Narva.

En se rendant sur place, on se compte de la volatilité du concept de frontière. Seules quelques dizaines de mètres séparent deux maisons. Sur les plages des deux rives, les habitants se baignent, installent des nappes pour pique-niquer et organiser de petits barbecues improvisés.
Sur le pont qui matérialise la frontière, le passage est quasiment fermé. L’ambiance est lourde, voire électrique. De hauts barbelés encadrent la route. Des drapeaux européens, estoniens et ukrainiens font face à l’oriflamme russe. Plus aucun véhicule ne passe. La chaussée est parsemée de blocs de bétons et de barbelés. Les gardes-frontière patrouillent et distillent une ambiance de guerre froide. Que c’est triste ! Où sont la fraternité et la réconciliation des peuples promis par tous au lendemain de la chute de l’Union soviétique ?

Si les véhicules sont bloqués, les piétons peuvent traverser. Dans les deux sens, la file s’étend telle une dernière ligne de vie entre les familles et les amis qui vivent des deux côtés de la frontière. Et si nous faisions le pari de souligner ce qui nous rapproche plutôt que ce qui nous sépare ? Une frontière n’est jamais qu’un trait de crayon sur une carte. Le crayon s’efface, mais les habitants, eux, sont attachés à leur terre, et ce, peu importe le pays ou l’empire, auquel elle est rattachée. Chacun a le droit de vivre en paix, quel que soit le territoire qui les sépare. Aucune idéologie n’a le droit d’interférer sur ce droit fondamental à chacune Être peuplant cette terre. D’autant plus que les prédicateurs de guerres et prophètes de malheur sont aigris par les rancœurs des intérêts partisans et à la botte de lobby économiques et militaires. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, on ne verra jamais Poutine prendre la tête d’une division d’infanterie ou Ursula von der Leyen sur une batterie antiaérienne. La guerre fait gagner de l’argent aux puissants et les perdants sont toujours les populations civiles qui, généralement ne demandent qu’à vivre sur la terre qui les a vu naître.
Dans notre Union européenne aux frontières effacées, côtoyer une frontière physique est une expérience à vivre. Je suis resté un moment à goûter à l’atmosphère. Le goût de fer était presque palpable dans l’air.
Nous quittons Narva et sa frontière pour profiter d’une pause le long de la mer Baltique, plus exactement le long du golf de Finlande. Nous sommes le jour du solstice d’été, et le jour s’étale langoureusement jusque tard dans la soirée. Les jeunes se réunissent et fêtent la fin de l’année scolaire. Les couples célèbrent leur amour sur la plage et admirent un magnifique coucher de soleil. Il est presque minuit et l’orange vire tout doucement au jaune. Le bruit des bottes fait place à une douce soirée sur la plage de sable fin bordée de pins.

Si le mercure est élevé et que vous ne craignez pas le froid, allez-y ! Plongez dans l’océan. Vous serez étonnés par la douceur de l’eau. Ici, dans le golfe de Finlande, l’eau est très peu salée. À cet endroit, la Baltique est une mer qui n’a que très peu d’ouverture vers le large et l’apport en eau douce vient de toutes parts. De plus, la profondeur est très progressive. La baignade y est donc très agréable.

Nous continuons notre petit tout du pays en longeant la frontière. Nous arrivons à Tartu, la grande ville universitaire du pays. Ce n’est pas une destination phare de l’Estonie, mais, si vous y restez un peu plus longtemps, c’est une étape d’une journée complète qui permet de visiter le campus, le jardin botanique et la jolie place de la ville.