Court séjour à Lanzarote (mars 2021)
L’hiver fut long. En Belgique, le temps a été maussade. De plus, le contexte sanitaire dû au COVID-19 n’était pas au beau fixe et les restrictions pesantes. En quelques mots, l’envie d’évasion a pris le dessus. Beaucoup de destinations étaient fermées et ce sont un peu les circonstances qui nous ont fait choisir cette île de l’archipel des Canaries au large du Maroc. Nous recherchions un endroit un peu à l’abri du tourisme de masse, au soleil. Après quelques recherches, l’île de Lanzarote nous est apparue comme une bonne destination. Début mars, rendez-vous est pris, tôt le matin au départ du Luxembourg à l’aéroport de Findel.
Après 4 h 30 de vol, l’île apparaît par le hublot de l’aéronef. À première vue, l’archipel est un petit ensemble de confettis posés au milieu de l’atlantique. L’île est volcanique avec de-ci de-là des traces d’éruptions marquant le paysage. Le dernier réveil des volcans remonte à 400 ans. Elle offre beaucoup d’avantages pour un hivernage, un climat doux toute l’année, un ensoleillement quasi permanent et des structures hôtelières modernes. Et même si l’archipel est calibré pour le tourisme de masse, l’authenticité est préservée ; on ne trouve pas de grandes constructions le long des côtes, mais de petites villas qui s’intègrent à l’environnement. Cela donne un sentiment de village. En raison de l’actualité, ce sentiment est certainement trompeur. D’ailleurs, notre hôtel héberge une soixantaine de touristes alors qu’il compte 350 chambres. Le climat et la douceur apparente ne doivent pas faire oublier la dure réalité de la crise que nous traversons. Seuls trois complexes hôteliers sont ouverts sur les vingt-cinq que compte le sud de l’île à Playa Blanca. Cela donne une idée du séisme économique.
Un tour de l’île en voiture à la découverte de César Manrique
Nous sommes en vacances pour une semaine, et si l’objectif est de prendre le soleil et du repos, notre habitude n’est pas de rester sept jours à lézarder au bord de la piscine. Bien entendu, nous profitons des infrastructures très agréables de l’hôtel, mais l’appel de l’extérieur est trop fort. Nous louons une voiture pour faire un petit tour de l’île. Trois jours suffisent, les distances sont courtes, 60 kilomètres de hauteur sur 25 de large.
Il n’est pas possible de visiter Lanzarote sans évoquer l’artiste César Manrique. L’île baigne littéralement dans l’héritage culturel de cet artiste. Il est l’artisan de la préservation de son identité. Il est à l’origine de la loi qui empêche de construire des immeubles trop imposants. Il a bâti plusieurs structures qui mettent en valeur la richesse naturelle de l’île. Sa démarche a percolé chez les habitants. Ils sont tous sensibilisés à la préservation de leur environnement.
Playa Blanca et les plages
Playa Blanca est la station balnéaire du sud de l’île. La localité regroupe vingt-cinq grands hôtels. Malgré cette multitude de complexes, on ne trouve pas de grands ensembles. Le plus souvent, ils sont organisés avec un grand bâtiment central et les chambres dans de petites constructions à taille humaine. À quelques centaines de mètres, on trouve le littoral qui est bordé par une très belle promenade qui serpente le long d’une côte déchirée entre le phare et la localité. Les habitants en profitent pour y pratiquer leurs sport favori, marche, course, vélo ou yoga. Étant donné que cette côte de l’île est le résultat d’une éruption volcanique, on ne trouve pas de plages. Le long du chemin, nous n’en avons comptabilisé qu’une seule.
La fin du chemin nous amène à la petite station balnéaire de Playa Blanca. La première vue est celle du port d’où partent les ferries pour Fuerteventura. La ville très typique avec ses maisons blanches entassées les unes sur les autres aux petites ouvertures bordées de volets colorés. Le front de mer dispose de nombreux cafés et restaurants. La pandémie nous fait découvrir une ville en léthargie. La semaine, nombre d’établissements sont fermés, la vue est un peu surréaliste. Nous avons appris que cela faisait seulement quelques semaines que les touristes pouvaient revenir. Nous appréhendons alors une réalité nettement plus noire. La crise du COVID a mis au chômage quasiment 50 % des habitants. Nous ne pouvons que compatir et déplorer cette situation.
Timanfaya et le centre de l’île
Le tour opérateur inclut dans son voyage une excursion. Là aussi en raison du manque d’activités touristiques, nous n’avons pas vraiment le choix. En même temps, c’est un endroit incontournable de l’île, c’est le lieu de la dernière éruption volcanique qui date de 400 ans. Et quel spectacle ! Nous traversons de larges plaines recouvertes de lave durcie. On pourrait croire qu’elle vient de refroidir. La route épouse durant quelques centaines de mètres un ancien tunnel de lave, c’est époustouflant ! Nous prenons alors un peu d’altitude et arrivons au point culminant. Nous pouvons alors admirer des cratères, des bouches où la chaleur atteint de hautes températures. Un restaurant en a d’ailleurs fait sa spécialité, un barbecue est alimenté par la chaleur du centre de la terre. Nous quittons ce paysage martien pour découvrir une autre facette de l’île, la production de vin. Visuellement, nous sommes sur une culture de la vigne complètement différente de la France ou des pays viticoles classiques. Pas de grands vignobles alignés en rang d’oignons, mais de nombreux trous, comme des cratères d’obus protégés par un muret et un seul plan par trou pour maximiser la distribution du peu d’humidité et d’hygrométrie, le tout sur une terre noire comme le charbon. Même si le vin est certainement d’une grande qualité, il n’est pas à notre goût, étant trop liquoreux.
Au centre, Teguise, Le jardin des cactus et Antigua rofera
Après une journée de repos (nous sommes quand même là pour nous reposer), la voiture est disponible directement à l’hôtel. C’est un service très appréciable qui nous évite quelques démarches administratives. Pour cette première journée, nous visiterons le centre de l’île. Nous commençons par l’ancienne capitale, Téguise. C’est devenu une petite ville située en haut d’une colline depuis qu’Arrécife a pris cette fonction. Le centre-ville est pittoresque avec sa petite église et ses commerces d’artisanat. Malheureusement, les boutiques sont fermées faute de touristes. Nous faisons un tour rapide de la ville et partons pour notre deuxième étape, le jardin des cactus.
En chemin, nous croisons une curiosité géologique, un paysage américain en miniature, un mini désert du Colorado, un terrain de jeu idéal pour les Lilliputiens. C’est surprenant et un peu inattendu.
Enfin nous arrivons au jardin des cactus. C’est un des lieux conçus par César Manrique, il consiste en un large cercle encavé dans le sol rempli de divers cactus venus du monde entier surmonté par un moulin. Les couleurs et les variétés sont surprenantes. La collection peut rivaliser avec le jardin de Monaco. On trouve toutes sortes de variétés, des grands, des piquants, des doux. Leur nombre est impressionnant, nous y avons passé deux heures. De plus, on trouve une charmante buvette. La qualité des plats servis n’est pas extraordinaire, mais le cadre est vraiment superbe, l’intérieur est tout en rondeur avec un large puits de lumière. Le jardin est, avec le parc des volcans, un incontournable de l’île.
Au nord, le Mirador del Rio et Jameos del Agua
Après le sud et le centre, nous nous dirigeons vers le nord de Lanzarote. Les pluies récentes de ce début de printemps nous offrent un spectacle très différent des autres parties du territoire. Les routes sont très sinueuses et les paysages vacillent entre montagne et petites exploitations agricoles. Les terres sont fertiles, les villages sont à taille humaine, plus aucune trace de grands hôtels. Au bout d’une petite route, nous arrivons au Mirador Del Rio. C’est une construction intégrée à une haute falaise qui offre une vue magnifique sur la petite île de « la Graciosa ». Nous n’avons malheureusement pas le temps de nous y rendre. Nous sommes à l’extrême Nord de l’île et les nuages venant de l’Atlantique viennent frapper la falaise. En quelques secondes, le temps passe du grand soleil à la plus épaisse brume.
Nous nous arrêtons pour manger le long de la route qui redescend du mirador. Par chance le gouvernement vient d’autoriser la restauration en extérieur. Nous sommes peu nombreux à nous arrêter. Nous goûtons à la pêche du jour et à la viande locale. Pour un prix modique, nous faisons un excellent repas.
L’après-midi, nous visitons une autre curiosité géologique, une grotte à moitié sous-marine, c’est un ancien tunnel de lave rempli d’eau et habité par de minuscules crabes blancs. Là aussi, César Manrique a imprimé sa marque avec des aménagements surprenant comme une salle de concert à même la roche. En temps normal, on imagine très bien les hordes de touristes débarqués des navires de croisière ou les bus venant des grands hôtels. Mais à cause ou, nous osons à peine le penser, grâce au COVID, nous avons la chance de profiter des lieux dans une tranquillité quasiment religieuse.
Et pour fini,
Et voilà, il ne nous reste que deux jours. Nous les passons entre promenades et flâneries sur la très belle promenade le long de la côte. La vue de l’île voisine de Fuerteventura est rassurante et apaisante sous la légère brise de l’Atlantique. Il est déjà temps de repartir… mais nous y reviendrons. L’hiver aux Canaries est un printemps éternel.